Un conte pour conteureuses, c’est l’impression première que je garde de ce petit volume. Un-e narrateurice (au genre incertain et franchement sans importance) dont le métier est de collecter histoires et contes, se trouve prise dans une nuit de contes avec des tigresses. Il y a un petit écho des mille et une nuits dans cette narration sous menace mais le cadre est ici celui des contes chinois, dans un monde fictif évoquant la Chine classique, mais avec des animaux qui parlent et des mammouths comme montures (ce qui donne assez envie de lire ses autres histoires dans le même monde). Le conte qui sert d’histoire dans l’histoire est très oriental aussi, avec renards et fantômes, et il donne lieu à un joli échange de perspective entre humains et tigresses. Avec chacun-e sa version parce que chacun-e ses références, sa culture et sa manière d’interpréter les mêmes situations, et notamment l’amour. C’est joli comme manière d’écrire et de faire histoires. L’impression est vraiment celle de vivre une nuit de contes hors du temps autour d’un feu. Je me suis laissé entraîner avec légèreté, et si il y a une tension, elle est légère et teintée d’humour, là pour que le conte nous entraîne. Une jolie parenthèse dépaysante que j’ai appréciée.