
Sous-titré « Par-delà l’imaginaire des cabanes et des ruines », Utopie radicale est un livre profond, inattendu et réjouissant. Alice Carabédian replonge aux racines de la notion d’utopie, avec Thomas More. Et elle repositionne l’utopie comme une perspective radicale, comme un ailleurs inaccessible qui vient nous questionner sur là où nous sommes et notre normalité. Et qui nous confronte à une altérité qu’on ne pourra pas supprimer ou rendre identique à nous-même et avec laquelle il va falloir composer. Cette base établie, elle vient questionner nos imaginaires actuels.D’abord l’omniprésence de la dystopie dans les récits, et, et c’est bien sûr une dimension qui m’a beaucoup plus, en se basant sur la science-fiction. Science-fiction dont elle fait une analyse fine et politique, ce qui sur cette première question de la dystopie est passionnant et profondément anti-libéral. Ensuite, elle aborde les imaginaires, fictifs mais pas seulement, des cabanes : toutes ces projections vers des petites communautés résilientes au milieu de la catastrophe globale. Ce dont elle pointe que si c’est utile, et même nécessaire aujourd’hui pour s’adapter voire survivre, ce n’est pas de l’utopie mais du faisable et possible. Et enfin, elle conclut donc sur toute une partie dédiée à la nécessité, au-delà d’un imaginaire des cabanes, de faire revivre de vraies utopies dans le champ des imaginaires et surtout de la science-fiction dont c’est une des fonctions essentielles. Ce qu’elle fait en convoquant les auteurices qui explorent cette voix avec brio, et il se trouve que c’est exactement une sélection de mes favori-tes (Iain Banks et becky chambers en tête). C’est un livre que j’ai trouvé passionnant (et assez intello) mais je suis clairement le bon public : politique, culture et science-fiction entrecroisées, je signe des deux mains.
Ca a l’air très bien, ce livre! 🙂
Il y a débat : certains préfèrent actuellement le concept de prototopie pour faire le pont entre l’imagination et les voies plus concrètes pour transformer le monde.