Stow Sex est un livre qui m’a passionné et apporté autant qu’il m’a énervé. Par des aspects différents. Pour commencer par le négatif : ça commence très lentement avec une rédaction style américain self-help, ce à quoi je me suis fait mais bon, bof quand même. Et le très négatif : on est dans une vision très essentialiste et hétéronormée des natures masculines et féminines, enrobée de spiritualité tantrique (dans des proportions telles que j’en partageais des phrases à haute voix pour en rire). Malgré ça (et c’est un gros malgré), je vous encouragerais, si vous y arrivez, à passer outre, parce que le fond de ce qui est raconté est pour le reste vraiment intéressant. L’idée est de sortir d’une sexualité de performance et de conquête centrée sur le désir et l’orgasme pour tenter d’être pleinement présent-e, en pleine conscience, dans le ressenti, le plaisir partagé et la vulnérabilité (en se centrant clairement sur soi et ses ressentis plus que sur des projections vers l’autre, pour le-la rencontrer sur cette base). De travailler à une intimité réelle et aimante donc. De manière concrète et très engageante en termes émotionnels, aussi bien dans ce qui est proposé que dans les témoignages partagés. Ça fait envie de se ré-inventer comme ça, et ça donne franchement du grain à moudre, d’autant qu’il y a du boulot. Et ce qui est assez étonnant, c’est que c’est au final tout à fait compatible avec des réflexions féministes et des approches déconstruites (cf Tal Modesta par exemple dans mes chroniques récentes), pour peu qu’on passe outre la dimension mystico-sexiste. C’est donc un livre qui m’a pas mal fait grincer des dents et qui pourtant m’apporte beaucoup (et probablement plus sur la longueur) donc je ne peux que vous inviter à en être curieuses.