becky chambers continue à m’émerveiller, d’autant plus après des lectures comme Je suis une fille sans histoire, Éloge des fins heureuses ou Utopie radicale. Mais même sans ces perspectives critiques, c’est juste très très bien en soi. Le titre est une fois de plus joli et juste : il s’agit du récit de plusieurs vies, en parallèle, d’humains habitant la flotte de la diaspora humaine. Cette flotte n’a plus de raison d’être explicite : elle est arrivée et est intégrée à la communauté galactique. Pourquoi alors continuer à vivre dans de vieux vaisseaux stationnaires ? Cette question de l’héritage, de l’identité et du sens qu’on donne à sa vie est le fil conducteur délicat et intelligent de ce récit polyphonique. Et c’est une fois de plus un récit sans grande intrigue, sans grand affrontement ou mystère à résoudre : ce sont des personnes qui se questionnent, qui vivent, qui ressentent. Le talent de becky chambers est de faire ça avec finesse et émotion, avec légèreté et profondeur, et sans qu’on ait envie de décrocher à un seul moment. C’est un grand plaisir d’un bout à l’autre, aussi bien en termes de lecture, d’émotions ou de sens. Et en douceur. Comme les deux précédents, c’est un livre qui fait du bien, qu’on a envie de câliner en se disant qu’on le relira sûrement un jour avec le même bonheur.