
China Miéville a toujours fait dans l’étrange, et toujours de manière brillante, et c’est de plus en plus marqué au fil des années. The last days of new Paris est très réussi, et difficilement réductible à une catégorie ou un style. La narration suit un personnage, puis deux, de manière raisonnablement linéaire (avec quelques chapitres de flashback certes) dans une enquête-course aux finalités brumeuses, mais qui débouche sur une conclusion compréhensible et très satisfaisante poétiquement et thématiquement. Sans qu’on puisse dire que tout est bouclé et clair, mais ce n’était de toutes façons pas l’idée, et ça aurait même été contreproductif vu le contexte et le thème. Parce que oui, le contexte est halluciné comme l’auteur sait le faire : une ville de Paris qui continue à vivre sous occupation nazie en 1950, enfermée dans un conflit entre créatures infernales et oeuvres surréalistes manifestées dans la réalité. Avec un mouvement de résistance surréaliste en première ligne. Autant dire que, oui, c’est franchement dépaysant, et fascinant ce Paris reconfiguré selon les rêves des surréalistes. Jusqu’à quasiment la saturation d’ailleurs, mais c’est je pense l’effet recherché et ça fonctionne franchement bien. J’ai vraiment aimé être emmené complètement ailleurs, bien plus d’ailleurs que dans la plupart des contextes de fiction habituels. Le fait que toute la partie surréaliste soit basée sur des oeuvres, textes et événements réels (et c’est documenté en détail à la fin) ajoute de la profondeur et de la force à l’ensemble, et m’a donné envie d’aller découvrir un peu mieux certain-es auteurices surréalistes que je ne connais que de loin. Si, donc, vous appréciez les romans un peu hallucinés, et le surréalisme, c’est une lecture que je pense vaut largement le coup.
J’ai aussi beaucoup apprécié cette lecture, ce d’autant plus que ma fille était en pleine lecture de surréalistes à l’école, grâce à un prof qui fut lui-même proche de nombreux auteurs. Autant dire que j’ai bien baigné dedans.