090520_Le_temps_fut

Les intrigues à base de voyages dans le temps, c’est toujours un peu un piège. Souvent parce que l’auteurice tente de tout expliquer et de ficeler une intrigue complète. Ce qui ne marche à peu près jamais. Et ce que McDonald réussit à éviter ici. En se concentrant sur autre chose que le voyage dans le temps lui-même. Sur une enquête de bibliophile qui va remonter le fil de ce qui s’est passé d’abord. Ce qui est bien foutu, dépaysant et plein de références britanniques (et de rumeurs et faits historiques), avec une jolie conclusion. Et sans s’appesantir sur les détails puisque c’est un format court. Mais ce n’est qu’une partie de l’intérêt. L’autre grand thème, c’est la poésie : poésie tout court, poésie d’une histoire d’amour (gay, d’ailleurs) et poésie des paysages et des côtes britanniques. Avec la qualité d’écriture de McDonald, et son talent pour être compact, cet aspect-là fonctionne également très bien. Et au passage, je dis bravo à cet éditeur, que je ne connaissais pas, pour la qualité de sa traduction. Au total, ce petit livre, entre le roman et la nouvelle, me laisse l’impression d’un numéro gracieux d’équilibriste, entre poésie et science- fiction, entre enquête policière et balade sentimentale à travers les guerres et les paysages britanniques. Ce qui me confirme par ailleurs non seulement l’appréciation que j’ai de Ian McDonald (ça, c’était déjà bien ancré) mais surtout sa capacité à changer de style avec talent.