
Quelle place faisons-nous encore au conflit dans nos sociétés occidentales ? Plus ou moins aucune, si on y regarde un peu attentivement. Le conflit est gommé, nié, ou ramené à une opposition violente entre une norme omniprésente et forcément positive et un extérieur menaçant et ennemi dès qu’il ne partage pas un socle de valeurs et de comportements assez mal définis mais indiscutables. Dans cet essai, les auteurs proposent justement de se questionner sur la place et même la nécessité de faire une place aux conflits pour qu’une société fonctionne. Ils montrent très bien comment le refoulement du conflit ne peut que faire naitre plus de violence et de frustration, comment justement ce déni du conflit est une maladie propre à nos sociétés lissées et libérales. Le fond du propos est donc passionnant et à mon sens essentiel si on veut penser le politique et le social de manière efficace et avec une place pour tous. La forme est relativement digeste, et en tout cas convaincante. Je mettrais à titre personnel un petit bémol : certains passages plongeant trop directement dans du vocabulaire philosophique ou psychanalytique m’ont donné plus de mal et sont finalement assez difficile à assimiler si on n’est pas déjà un peu à l’aise avec ces champs théoriques. Ce qui ne retire rien à l’intérêt de l’ensemble, mais il faut je pense s’autoriser à ne pas s’embourber dans ces quelques passages si on n’est pas armé pour. Outre ce bémol, donc, c’est vraiment un livre qui m’a fait réfléchir et me repositionner sur certains aspects de ma pratique professionnelle et de mon positionnement politique concret. Si le sujet vous intéresse, c’est vraiment utile, sachant qu’on trouve également des interviews vidéos des auteurs pour aborder le contenu sans forcément lire le livre lui-même.
C’est intéressant. J’ai aussi pas mal revu mon opinion du conflit dans ma pratique de la Communication NonViolente, notamment quand j’ai fait une formation sur la médiation, lors de laquelle nous avons largement discuté des mérites du conflit.
Oui, et différencier violence et conflit est absolument essentiel, mais pas forcément spontané 😉
Tout à fait. D’ailleurs, lors de cette formation, j’avais une fois commenté que je me rendais compte que tout n’était pas dramatique dans le conflit, qu’il y avait, par exemple, des conflits de basse intensité qui n’étaient pas dramatiques. Lors de la session suivante, je suis revenu en disant qu’il y avait, expérience faite, des conflits de haute intensité qui n’étaient pas dramatiques non plus 🙂
C’est très chouette comme progression 🙂
Et du coup, avec ma casquette pro : tu as des supports ou des textes sur l’approche que vous avez utilisé sur cette question ?
Pas autre chose que la base de la CNV, le livre « Les mots sont des fenêtres » de Marshall Rosenberg, mais mon expérience est que rien ne vaut au moins un premier stage d’introduction. Après, il y a eu des ateliers sur le conflit où nous avons exploré ce que représentait le conflit pour chacun, comment nous nous situons par rapport au conflit, etc. C’était très intéressant, mais je n’a rien de spécifique à te transmettre.