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Quelle place faisons-nous encore au conflit dans nos sociétés occidentales ? Plus ou moins aucune, si on y regarde un peu attentivement. Le conflit est gommé, nié, ou ramené à une opposition violente entre une norme omniprésente et forcément positive et un extérieur menaçant et ennemi dès qu’il ne partage pas un socle de valeurs et de comportements assez mal définis mais indiscutables. Dans cet essai, les auteurs proposent justement de se questionner sur la place et même la nécessité de faire une place aux conflits pour qu’une société fonctionne. Ils montrent très bien comment le refoulement du conflit ne peut que faire naitre plus de violence et de frustration, comment justement ce déni du conflit est une maladie propre à nos sociétés lissées et libérales. Le fond du propos est donc passionnant et à mon sens essentiel si on veut penser le politique et le social de manière efficace et avec une place pour tous. La forme est relativement digeste, et en tout cas convaincante. Je mettrais à titre personnel un petit bémol : certains passages plongeant trop directement dans du vocabulaire philosophique ou psychanalytique m’ont donné plus de mal et sont finalement assez difficile à assimiler si on n’est pas déjà un peu à l’aise avec ces champs théoriques. Ce qui ne retire rien à l’intérêt de l’ensemble, mais il faut je pense s’autoriser à ne pas s’embourber dans ces quelques passages si on n’est pas armé pour. Outre ce bémol, donc, c’est vraiment un livre qui m’a fait réfléchir et me repositionner sur certains aspects de ma pratique professionnelle et de mon positionnement politique concret. Si le sujet vous intéresse, c’est vraiment utile, sachant qu’on trouve également des interviews vidéos des auteurs pour aborder le contenu sans forcément lire le livre lui-même.