280515_Stoltenberg

Refuser d’être un homme est publié dans la collection nouvelles questions féministes, qui publie habituellement des auteures parlant de féminisme radicale. Mais il y a toute sa place, puisqu’il s’agit bien d’un point de vue féministe radical, bien que masculin, sur la masculinité et la virilité. C’est ce qu’expliquent d’ailleurs les quatre avant-propos. Ils sont justes, et intéressants, mais c’est peut-être un peu beaucoup avant même de commencer le livre. Bon, ça peut se discuter, parce que c’est un choc, en tout cas ça l’a été pour moi, et la mise en train progressive peut aider, j’imagine. C’est un choc bienvenu, ceci étant, salvateur même je pense, mais ça ne se fait pas sans peine et sans remise en question. En effet, Stoltenberg explore de manière brillante et radicale différentes facettes de la virilité, et donc de la construction de l’identité masculine dans nos cultures patriarcales, ce qui, en tout cas pour un homme féministe voulant aller au fond de ces questions, est assez douloureux. Parce que Stoltenberg va au fond des choses et expose ce que chacun d’entre nous porte de virilité et de culture de domination masculine. Notamment en ce qui concerne la construction du désir et de l’imaginaire sexuel, ce qui est bien trop rare, mais, comme je le disais, salvateur. Je ne peux que vous le conseiller très fortement, mais je ne peux pas vous y encourager en vous disant que ce sera une lecture sympa. Ce sera une lecture importante, troublante, une lecture qui fait vraiment se poser des questions et grandir par contre. Sur la forme, je signalerais par contre qu’il s’agit d’un recueil d’interventions, articles et allocutions, cohérents sur le fond, mais pas tous aussi approfondis ou solides. J’en regrette simplement que Stoltenberg n’ait pas écrit un vrai ouvrage reprenant tout ça avec une construction plus complète. Mais qu’importe, il y a déjà là très largement de quoi faire. Vraiment, allez-y, mais accrochez vous.