Révolutions précaires est un assez petit livre qui réussit à creuser des thématiques compliquées de manière efficace et sans tomber dans des travers trop universitaires ou verbeux. La thématique centrale est une interrogation sur l’évolution du statut des précaires et la manière dont ce statut s’est construit à la fois comme une résistance au système capitaliste et comme une conséquence parfois néfaste. Et cette ambiguité, interrogée et approfondie est extrêment intéressante et m’a beaucoup éclairé. En fait, je place volontiers ce livre dans la suite du Nouvel Esprit du Capitalisme, de Boltanski et Chiapello, ce qui est d’ailleurs une des références déclarées. En effet, le fait de réinterroger les statuts précaires en termes de stratégie de résistance et de pratiques relativement anciennes en termes de marges de maneuvre et d’indépendance par rapport au salariat permet des perspectives fructueuses. En particulier, ce que l’auteur dessine à partir de ces questionnements sur de nouvelles formes possibles de mobilisation et d’action politique est vraiment riche. Il interroge également les figures traditionnelles ouvrières et la manière dont l’attachement à ces formes a été un frein à l’intégration de certaines populations dans les luttes sociales et politiques. De plus, la forme est agréable à lire et le volume réduit de l’ensemble le rend assez facile d’accès. Si donc, les questions de formes d’emploi et de leur dimension politique vous intéressent, c’est vraiment une ressource riche et importante. Je recommande pleinement.
Révolutions précaires, de patrick Cingolani

Et bien voilà qui m’a l’air diablement intéressant, surtout en connexion avec ce que j’ai lu récemment sur les communs.