Inanna (Ishtar) est la déesse mésopotamienne de l’Amour et de la Guerre (ce qui est déjà une belle association pour une grande déesse). Contemporaine notamment de Gilgamesh, et donc Annunaki (une des treize divinités célestes, venues de là-haut de l’autre côté du Ciel). Emily Wilson propose une relecture romancée des mythes d’Inanna et de Gilgamesh, en un seul récit. Récit à trois voix, puisque s’y ajoute une autre trame qui permettra de relier les deux et aussi d’éclairer la place et la vie des plus petit-es (parce qu’entre une déesse majeure et un demi-dieu héroïque majeur, on ne se mouche pas du coude). Emily Wilson invente bien sûr mais en restant globalement dans les clous des mythes, ce qui est sympa quand on les connaît, mais qui lui permet de surprendre aussi. Sa manière de jouer avec beaucoup d’humour sur les personnalités des personnages est vraiment agréable et drôle, ce qui donne de l’élan et de la vie. Elle joue aussi sur le soupçon que les Annunakis soient vraiment venus d’un autre monde, voire d’un niveau de technologie très avancé, ce qui n’est pas nouveau mais fonctionne de manière rigolote. Et de manière un peu frustrante parce que ce n’est pas au cœur de son propos et donc pas résolu pleinement. Mais ça va avec la direction générale qui est de s’amuser dans le cadre du mythe et de tisser un récit autonome et littéraire. Et comme elle écrit franchement bien, ça fonctionne de manière très agréable, et évoquant vraiment une culture dépaysante et une manière de raconter mythique. J’ai vraiment pris plaisir à lire ce roman inattendu et astucieux.