J’aime beaucoup Rose Lamy. Politiquement, bien sûr, pour les causes qu’elle défend et le travail de révélation qu’elle réalise. Personnellement parce que son parcours de prolo venue sur le terrain des intellos me réjouit. Et sur la forme, parce que j’aime son écriture dynamique et incarnée, que je trouve vraiment très agréable à lire. Bon, typiquement, j’ai lu ce petit livre en une soirée, et ce fut une très bonne soirée. C’est donc un livre fluide et plaisant, mais pas pour autant léger et anecdotique. Il dit le mépris de classe vu et vécu depuis les classes populaires. La manière dont la honte de classe se transmet dès l’enfance, puis se retrouve tout le long de la vie. En particulier dans le champ professionnel, bien sur. Mais encore plus dans les milieux militants de gauche, radicale ou pas. Et c’est là que ça tape fort. Enfin, c’est touchant et important tout court, cet éclairage sur la manière dont c’est incorporé dans le quotidien et l’image de soi. Mais ce dévoilement du mépris de classe des milieux de gauche et de la manière dont il créé et/ou alimente la scission avec les classes populaires est essentiel. Et il devrait nous interroger tous et toutes, tant c’est invisibilisé et important. Et, oui, tout ça en moins de deux cent pages, et dans une langue parfaitement accessible. Ce n’est pas de la sociologie, même si on sent qu’elle s’est bien sur largement documentée, c’est du témoignage politisé et argumenté. Comme pour ses ouvrages précédents, et avec le même talent. Franchement, un livre qui mérite très largement d’être lu.