Alexandra Kollontaï, pour celleux qui ne situent pas cette femme remarquable et malheureusement méconnue : grande figure de la révolution russe, puis de la mise en peuvre des politiques féministes et familiales très progressistes de l’époque, et ambassadrice à l’époque où on ne parle que d’ambassadeur (ce qui lui permet de survivre au stalinisme d’ailleurs) et théoricienne de l’amour-camaraderie. Entre autres. Elle a écrit aussi, et, ce que je ne savais pas : de la science-fiction. Bon, un tout petit peu, mais n’empêche. Ici, c’est une toute petite nouvelle, écrite pour la jeunesse russe de 1920, qui imagine la société communiste de 1970, une fois le monde entier sorti du capitalisme et de la guerre. C’est court, mais c’est très joli. C’est un Noël avec une génération qui n’a rien connu du monde avant la réalisation de l’utopie du communisme mondial. C’est touchant d’enthousiasme, mais c’est aussi frappant de voir le regard et l’imaginaire qui y est exprimé, si éloigné des nôtres aujourd’hui. Le texte est commenté par un courrier à Alexandra Kollontaï depuis aujourd’hui, qui est une manière maline et fluide, à mon sens, de donner un contexte et des critères de compréhension de ce texte issu d’une période et d’une idéologie particulière. C’est un texte qui relève plutôt de la curiosité que d’une œuvre majeure, mais j’ai trouvé ça très agréable et touchant.