
Luigi Mangione a assassiné en pleine rue le directeur d’une des plus grandes assurances santé privées des Etats-Unis. Assurance à laquelle il reprochait de tout faire pour ne pas indemniser ses assuré-es, provoquant souffrances nombreuses et inutiles, et décès prématurés. Malgré les efforts des grands groupes de médias, la réaction, en ligne, a été massivement en soutien à Luigi Mangione, qui est même devenu une icône. Nicolas Framont part de cet événement, et de ces réactions, pour mener une réflexion claire, structurée et passionnante, sur les politiques de santé d’une part, et leur dimension profondément politique, et sur la place et la légitimité de la violence dans le champ politique et militant. C’est du très bon boulot, comme toujours avec Nicolas Framont. C’est clair, c’est solidement documenté et c’est clairement positionné dans une grille de lecture matérialiste et sociologique de gauche radicale. En résumé : ça nourrit autant que ça fait du bien. Et c’est intelligent et fin. En particulier sur les fonctions de la violence, et en prenant le temps de définir clairement, dans une pensée stratégique, les visées et effets. Et il ne défend pas du tout l’usage de la violence interpersonnelle, mais il l’inscrit dans une analyse très bienvenue des rapports de force et des stratégies actuellement en place. Avec en prime, de la bonne vulgarisation sur les politiques de santé et une réflexion inattendue et amusante (mais pertinente pour autant) sur les questions de canons de beauté et de désir dans la perception de Luigi Mangione et de la violence en général. Bref, c’est court, c’est efficace, et en plus ça inaugure de belle manière (graphiquement aussi) une nouvelle collection en partenariat avec Frustration Magazine, ce qui me réjouit également.
Un petit aperçu :