
Il existe plein de très très bonnes choses en littérature jeunesse, et notamment sur des registres inclusifs et défendant des valeurs d’ouverture avec finesse. Par contre, il n’y a pas beaucoup de livres directement marxiste, ouvertement, et qui plus est avec de l’humour et de la qualité. C’est ce qu’ont réussi, à mon sens, les auteurs de cette petite poussette. Sur une trame connue mais bien détournée, ils construisent une histoire qui fonctionne déjà. C’est-à-dire que niveau enfant : oui, il y a une vraie histoire, avec des repères connus (des parents qui n’ont plus rien, une petite fille qui n’en veut et des soeurs qui suivent mollement, un méchant), du rythme et une résolution efficace (certes rapide et simple, mais c’est la contrainte du format et de l’âge, on peut pas faire du politique complexe dans ce nombre de pages, hein). Comme les personnages sont bien écrits, et très bien dessinés, c’est vraiment agréable à lire, joli et tonique. Franchement, même moi, je prendrai bien l’affiche et les cartes postales en déco. Et puis, dans cette histoire, on trouve ouvertement des éléments gauchistes, et même marxistes, avec de l’humour et la légèreté, certes, mais bien présents, et je trouve ça franchement agréable. Tout court, et parce que ça contre-balance tout ce qui est sans arrêt mis en avant d’autres perspectives politiques. J’ai rigolé du prénom des filles, des détails dans les dessins, des slogans détournés, et j’ai en même temps trouvé que c’était chouette que ce soit un arrière-plan normalisé. Et puis, avec tout ça, oui, on parle injustice et exploitation, on parle révolution et libération. A hauteur d’enfant, sans que a fasse donneurs de leçons, et c’est bien réjouissant. Ami-es marxistes, et gauchistes en général : si vous côtoyez des enfants, jetez un œil à ce réjouissant ouvrage !