Posons tout de suite le point qui m’a un peu chiffonné : mettre le nom de Graeber comme seul auteur alors que son texte fait un petit tiers de ce tout petit livre, je trouve ça un peu mensonger (et un peu cher aussi, même si pour les livres je ne compte pas ;). Mais, ceci passé, c’est vraiment cool comme du Graeber. Le cœur, c’est un de ses articles, qui propose une explication inhabituelle à : pourquoi les classes populaires votent de plus en plus à droite, voire à l’extrême-droite, et donc contre leurs intérêts matériels objectifs ? En version mal résumée : parce que les classes intellectuelles ont confisqué les emplois les plus nobles, ceux qui donnent l’impression de faire quelque chose de bien, au service de grands principes, pour eux et leurs enfants. Et qu’ils se sont ainsi mis à dos les classes populaires, qui cherchent d’autres issues, et qui se mettent en opposition aux propositions faites par ces classes intellectuelles. C’est bien sûr bien mieux construit et développé que ça… Et vraiment intéressant, en décalant le regard comme toujours avec Graeber. Le grand texte d’intro est tout à fait intéressant, même si je l’ai trouvé un peu plat. Il faut bien le travail de contextualisation et de décryptage, et c’est réjouissant de voir des universitaires françaises reprendre et diffuser Graeber. Le texte de fin est du même ordre, en plus court. Au total, c’est chouette de voir ces idées diffusées par plein de moyens, mais je ne sais pas si ce format correspond vraiment à un grand lectorat…