
Faut-il corriger les travers racistes, sexistes et autres des oeuvres classiques ? Les réécrire pour tout ou partie ? Les adapter ? Les censurer ? Est-ce que c’est encore défendable d’avoir comme titre Dix petits nègres ? Ce sont les exemples auxquelles Laure Murat s’attaque dans ce petit volume, dont vous pouvez trouver des versions résumées en article ou vidéo en ligne. Et c’est bien d’avoir quelqu’un-e qui connait les rouages de l’édition et qui prend du recul sur ce phénomène récent. Qui du coup ne l’est pas tant, en fait. Elle met en perspective les enjeux, notamment en faisant le tri entre des interventions d’éditeurs techniques et en général motivées par des enjeux commerciaux (même si ils prétendent le contraire, et même si une certaine presse de droite y voit une magnifique manière de faire de la bataille culturelle idiote et dégueulasse contre les wokes fantasmés), et les interventions artistiques qui sont des oeuvres de traduction, adaptation ou hommages. Oui, ça éclaire, et ça fait prendre la mesure du peu d’enjeu qu’il y a au final, si ce n’est effectivement d’être conscient-e que toutes les époques sont dégueulasses et que le mieux qu’on puisse faire c’est de mettre une oeuvre dans son contexte. Si la question vous intéresse, ça vous fera un éclairage bienvenu et efficace, et qui plus est tout à fait fluide et agréable à lire.