J’avais lu ce roman quand j’étais jeune et j’en gardais un souvenir émerveillé, en particulier pour sa langue. Je l’ai donc retrouvé en occasion, avec en bonus les illustrations de Gourmelin. Claude Klotz (Patrick Cauvin de son autre nom d’auteur) imagine, avec poésie, fantaisie et humour, une pré-humanité, loin avant que quoi que ce soit ne se stabilise. Une forme de conte un peu onirique où ces premiers êtres sortent de la glaise, s’inventent, se définissent, comme une avant-première hallucinée d’une humanité à venir. C’est drôle et foutraque. Il ne faut pas attendre, ou s’attacher, à une cohérence, en particulier scientifique, ce n’est pas le propos. Si on se laisse emporter, le récit est beau et coloré, plein d’inattendu, dans le registre du mythe et non du roman. Mais un mythe un peu fou, qui s’amuse en premier lieu. Et mes souvenirs étaient justes : c’est aussi, et même avant tout, une écriture. Un jeu là aussi sur les formes, les allitérations, les structures. Avec parfois un côté un peu bordélique, et parfois des fulgurances magnifiques. Et une conclusion donc l’humour et la nostalgie me plaisent toujours autant. Dans cette édition, en plus, il y a les illustrations de Jean Gourmelin. Chaque illustration tient debout toute seule et est un jeu visuel, dans la tradition des illustrateurices surréalistes qui faisait dans la gravure fine avec des images qui sont des métaphores polysémiques autant que des objets esthétiques. Ce qui s’accorde vraiment bien avec le texte, dans le cas présent. Les innommables reste donc dans mon petit pan