
Perrine le Querrec est poétesse. Elle fait des résidences. Dans le cas présent, avec des femmes victimes de violences conjugales. Autant dire qu’elle a entendu des trucs vraiment pas drôles, d’autant qu’elle a pris le temps de multiplier les rencontres et de l’aisser émerger la parole. De ces témoignages recueillis, elle a fait des poèmes. Et quels poèmes… C’est de la poésie efficace, courte, moderne et puissante. Pas du genre à faire des manières et à tenter d’en mettre plein les yeux avec de la technique, du genre à toucher droit aux émotions en étant au plus proche du vécu. Et étant donné le vécu dont elle part, ça tape fort. C’est profondément touchant, voire traumatisant dans certains cas, parce qu’elle permet de mesurer le geste dans sa réalité quotidienne, et ses conséquences en émotions, en pensées, et en traumas. La manière dont le monde se voit alors à travers ces violences, la vie ne s’envisage plus autrement, voire plus du tout. Et puis, aussi, et c’est puissant aussi, la manière dont elles osent partir, s’en sortir, se reconstruire ailleurs, autrement. C’est plein d’espoir, mais on ne peut pas dire que ce soit joyeux non plus tant, là aussi, les marques et les cicatrices sont profondes. Vraiment un beau travail sur un sujet important et difficile à faire toucher du doigt aussi finement. Mais un travail qui vient toucher fort, et brasser loin, donc à ne pas aborder sans précautions.