Les BDs de vulgarisation sur la psychologie et les enjeux de neuroatypie se multiplient, ce qui est une tout à fait bonne nouvelle, mais me fait parfois un peu craindre un appauvrissement de la qualité et de l’originalité. Ici, il s’agit de parler de bipolarité, un sujet que je ne connaissais pour ainsi dire pas. L’autrice, si, puisqu’elle est directement concernée. Ce qui donne donc une dimension de témoignage vécu forte et qui fonctionne très bien, parce qu’elle en parle avec finesse et avec transparence, et ça permet de rentrer dans le récit et le propos de manière investie et agréable. Rien d’inoubliable de mon point de vue, mais ça marche bien. Ce qui est bien plus frappant, à mon sens, c’est la qualité de la vulgarisation. Le sujet est complexe, et touche à des questions de neurologie, d’hormones et de personnalité, ce qui suppose de faire le tri de tout ça. Et là, c’est vraiment très réussi. J’ai trouvé que même au delà du sujet, ça donnait des clés de lecture sur les questions de tempérament et de registres émotionnels qui étaient utiles pour tout le monde. Après, ce qui est approfondi, c’est bien la bipolarité, dans toutes ses dimensions, qui sont bien plus diverses et complexes que je ne le pensais, et on en sort avec une compréhension bien meilleure et une ouverture sur cette complexité même. Tout ça avec un dessin que j’ai trouvé très plaisant et doux, et plein d’humour aussi (l’autrice a aussi fait Et à la fin ils meurent, que j’avais beaucoup beaucoup aimé). Si le sujet vous intrigue ou vous concerne potentiellement, je pense que c’est une super entrée, et si vous êtes juste curieu-se, c’est une lecture agréable et enrichissante.