Pignocchi, ce sont des aquarelles avec des mésanges pyromanes et révolutionnaires, avec derrière une réflexion profonde et anthropologique sur la crise environnementale et le passage à un autre rapport au vivant et donc un changement de civilisation. J’avais beaucoup aimé tous ses livres précédents mais j’avais un peu trainé pour celui-ci parce que j’avais peur d’y retrouver la même chose. Heureusement, on me l’a offert (merci Freddy et Marion) et en fait : oui, mais non. Oui, on est dans la même direction politique et la même intention, avec des aquarelles rigolotes pour aérer et illustrer, mais non, il ne redit pas les mêmes choses. Plus précisément, il les place dans une réflexion politique globale, et surtout il pense de la stratégie, ce qui est aussi rare que précieux. La partie analyse politique m’a étonnamment bougé. Pas sur la direction de fond, mais sur sa manière de constater et d’argument la fin d’un cycle social-démocrate et l’impasse que ces positions politiques constituent aujourd’hui. Il a une manière de le poser qui, tout en reprenant des analyses et sources que je partage, en fond une conclusion aussi évidente qu’importante. Et qui permet de se sortir des écueils réformistes dans lesquels moi-même je m’empêtre parfois. De ce constat, il pense ensuite le registre réellement stratégique, et ça fait beaucoup de bien d’avoir quelqu’un qui se consacre à cette dimension, pas seulement en passant, pas comme à côté dans une projection idéologique, et pas non plus pour servir de toile de fond à des développements tactiques, non, de la stratégie pour penser des directions générales efficaces et qui donnent une chance de gagner sur les gros trucs et sur la longueur. Vraiment une bonne surprise donc, si vous voulez penser comment essayer d’aller vers un monde vivable, et même souhaitable, autrement qu’en croisant les doigts.