
Attention, livre important et gros coup de cœur. Le point de départ des auteurs, c’est que nous vivons dans un monde qui est défini, en presque tout, par une doctrine politique qui n’est quasiment pas nommée, et qui n’est pas plus analysée et décrite, pour la très grande majorité des personnes : le néo-libéralisme. Le fait qu’il ne soit pas nommé le naturalise et empêche de s’y opposer efficacement, et même de penser la manière de s’y opposer. Alors que ses impacts sont massifs, et incontournables : une crise écologique qui met en danger l’ensemble de la civilisation humaine par exemple, dans un système qui ne permet pas du tout de penser le pourquoi ni le comment en sortir. Les auteurs se sont donc donné comme objectif de faire un ouvrage politique et pédagogique sur le néo-libéralisme lui-même, de manière frontale et documentée. De faire, donc, œuvre de dévoilement du système idéologique qui pilote nos sociétés, et donc nos vies, sans se montrer. Je souscris bien sûr entièrement à l’intention et au fait qu’il s’agisse de quelque chose de vital. La très bonne nouvelle, c’est que les auteurs ont ici le talent d’en faire un ouvrage d’une très grande clarté, d’une exceptionnelle facilité de lecture, et d’une puissance politique notable. C’est écrit sur un registre de journalisme, donc accessible et fluide. Et c’est découpé en 22 petits chapitres, chacun avec un argument central explicité et saisissable à la lecture comme au feuilletage après lecture. L’ensemble suit un cheminement tout aussi clair et efficace : de quoi on parle, d’où ça vient, comment ça fonctionne, pourquoi c’est invisible et qu’est-ce qu’on va faire de tout ça. C’est une grosse réussite. J’avais déjà bossé la question du capitalisme et de ses mutations culturelles, et je l’avais traduit en formation, je vais faire la même chose avec celui-ci tant c’est complémentaire et mobilisant. Franchement, un livre qui rentre directement dans mes essentiels incontournables.