Comment s’est construite la reconnaissance de la souffrance au travail et ses impacts sur la santé mentale (et par extension physique) ? Voilà le sujet de base de ce livre bien documenté, pointu et pas complètement facile à lire. Enfin, c’est tout à fait compréhensible, mais c’est suffisamment détaillé, chronologique et descriptif pour être souvent assez chiant. Le fond est intéressant, puisqu’il s’agit de regarder de manière attentive la manière dont les mouvements syndicaux se sont saisis, ou pas, des enjeux de souffrance au travail. Ce qui dépend des centrales et périodes et permet de voir comment les luttes internes et les choix de stratégie ont des impacts forts, tout comme les questions de personnes élues et de leur parcours. Franchement, ça éclaire des trucs utiles, mais c’est pas tellement rempli de rebondissements ni de tonus narratif. Ce qui est encore plus intéressant, c’est de voir comment ce sont bien les mouvements syndicaux qui ont amené à une reconnaissance de ces enjeux et à la mise en place, laborieuse, d’un droit un peu plus protecteur. Et quand je dis laborieux, ça veut dire : en faisant face à des oppositions patronales étatiques aussi fortes que concertées et malhonnêtes. Comme toujours, plonger dans l’histoire du droit du travail et des luttes syndicales en général, c’est alimenter à neuf sa colère sociale, et c’est pas perdu. Parce qu’il reste du chemin à parcourir, si on veut en arriver à une protection raisonnable, ne serait-ce que du point de vue de revendications de longue date qui ont été enterrées, réduites, dénigrées… Bref, un livre de recherche chiant à lire mais tout à fait utile et éclairant.