
Brandon Sanderson écrit des sagas géantes, mais parfois, il écrit aussi des romans autonomes plus légers, et même satiriques (comme le très drôle Alcatraz Smedry). C’est le cas ici avec un roman qui fait partie d’un quatuor écrit pendant le Covid. Le pitch est relativement simple : notre narrateur se retrouve amnésique dans une Angleterre pseudo-médiévale, avec des bouts roussis d’un manuel très commercial et très peu informatif. Il a visiblement souscrit à une offre promo d’acquisition d’une dimension alternative médiévale, dans laquelle il va pouvoir vivre une existence rêvée de grand sorcier. Sauf que non. Sur cette base, on va dévier. D’abord parce que le narrateur est tout sauf compétent, ce qui est d’abord drôle, et ensuite assez malin, et même un peu profond, quand on comprend progressivement pourquoi. Ensuite, on va dévier parce que c’est plutôt un roman policier. Enfin, de loin, mais c’est d’abord ça que ça m’évoque. L’ensemble dans un monde amusant et plein de clins d’œil historiques, religieux et narratifs. Avec tout ça, ça fonctionne. De manière efficace parce que Sanderson est d’une efficacité redoutable, mais pour cette fois, ça fonctionne sans aller bien au-delà. Ce n’est pas follement mémorable. C’est amusant, c’est touchant, et il y a même un fond de message sociologique et politique que je trouve amené de manière astucieuse, mais je n’ai pas trouvé que ça décollait particulièrement à aucun moment. J’ai même trouvé le premier tiers franchement mollasson. Donc, des bonnes idées, des moments rigolos, et une vraie compétence pour en faire un roman bien construit, mais une sauce qui, à mon goût, ne prend jamais complètement.