Cette phrase, on l’entend beaucoup trop pour de mauvaises raisons, en particulier en cas de viols ou d’agressions sexuelles. Avec en sous-titre : n’en parlons plus ; de toute façon si il n’y a pas de condamnation c’est qu’il n’y avait rien. Et ça énerve. C’est donc là le point de départ de ce petit livre, un des premiers de cette collection de « mise au point indispensable ». Le format me plait, et le ton aussi. Il s’agit de démonter, avec des arguments solides et une vraie légitimité, des phrases toutes faites de ce genre. Et par là d’aller questionner ce qu’il y a de fond politique et social. En visant d’être accessible, voire entendable par le genre de personnes qui peuvent dire une phrase de ce genre. En termes d’accessibilité, c’est très réussi, et de solidité, dans un format court et donc facile. L’autrice est avocate, et chercheuse, avec une grande expertise du monde judiciaire, et en particulier sur la prise en charge des VSS. Le travail qu’elle fait dans ce livre m’a beaucoup plu, et intéressé. Ce qu’elle vient interroger, par la question du traitement des VSS, c’est la place de la justice dans la société. C’est donc de la très bonne pédagogie sur la justice, sa justification et son fonctionnement. Et toutes ses failles aussi, mais pas pour la décrédibiliser, au contraire. Pour montrer comment on en a besoin, et à quel point on a besoin qu’elle fonctionne mieux et qu’elle soit remise en cause et questionnée par la société civile. Ce qui permet de manière très intelligente de replacer la justice comme un élément essentiel d’une société démocratique. Donc : il faudrait qu’on puisse faire confiance à la justice, parce qu’on a pas mieux comme solution (à court terme, ou tout court, c’est un vrai débat), et pour ça il faut exiger d’elle qu’elle soit et qu’elle reste au niveau des attentes de la société. Franchement, comme point d’entrée efficace et vraiment intelligent sur ces questions, c’est très réussi.