
Le point de départ de ce livre, c’est de faire un récit politique du mouvement Occupy Wall Street, de la voix d’un des participants (et penseurs) du mouvement. Comme ça, ça semble intéressant mais plutôt descriptif. Sauf que c’est David Graeber (oui, je vais encore dire qu’il est absolument brillant (et alors, tu vas faire quoi ?)). Donc ce n’est pas seulement un récit, même si il y a effectivement un bout de récit. C’est aussi une mise en contexte politique, et même géopolitique, du mouvement OWs dans le temps long, en lien notamment avec les précédents grands mouvements de justice sociale en anticapitaliste, et même les évolutions des démocraties occidentales en général,ce qui est déjà très riche. C’est aussi une analyse très fine des choix stratégique du mouvement OWS et de leurs impacts en termes de visibilité, d’alliances et de durée. Doublé d’un regard très astucieux sur le positionnement de l’Etat américain. Ce qui est complété par une description à mes yeux hyper précieuses des méthodes essentielles, notamment d’animation collective. Avec enfin une projection très optimiste et argumentée quant aux effets et suites du mouvement. Comme toujours avec Graeber, c’est très riche, je passe mon temps à noter des idées et des formules, et comme toujours ça ne va pas vraiment là où on pensait aller, et tant mieux. Et pour le même prix, c’est écrit de manière incarnée et accessible. Au final, je dirais que c’est un bouquin passionnant, mais aussi une très bonne manière de découvrir David Graeber avec un ancrage concret mais aussi un balayage général des grandes thématiques qu’il aime traiter, de manière assez synthétique. En français, ça s’appelle : Comme si nous étions déjà libres… je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus pour vous y mettre 😉