
Je connais peu Prévert. Enfin, comme tout le monde, je le connais comme poète scolaire. J’aimais bien, mais flou. Cette BD a donc été une vraie découverte, et dans le même temps un vrai coup de cœur. Pour le personnage, évidemment, parce que l’humour, l’anti-conformisme, le sens des mots. Et pour le désordre et l’errance permanente aussi. Ce dont j’avais une idée vague, mais c’est mieux en se le faisant raconter, par fragments et dans un désordre et une poésie qui correspond au personnage. Parce que oui, mon coup de cœur est aussi très largement pour la forme de cette BD. C’est très bien écrit, dans un style très juste et très fidèle. Et en faisant des choix de se concentrer sur certaines périodes, certaines rencontres, ce que j’ai vraiment aimé. D’autant qu’il y a de quoi raconter : même en sélectionnant et en collant ces fragments en enchaînements rapides, ça fait une grosse BD. C’est bien dessiné aussi, avec un trait que je trouve doux et très parlant, et avec des constructions qui réussissent à être lisibles et très belles tout en ne respectant par les découpages classiques de la BD. L’ensemble est du coup vraiment beau, sans être du tout maniéré ou artificiellement esthétique. Et c’est parfaitement cohérent avec le personnage et la manière dont il est raconté. Ce qui fait que c’est émouvant et séduisant, ça donne très envie de redécouvrir Prévert, et peut-être pas par ses facettes les plus connues, et peut-être par des films qui sont connus et classiques, mais trop vieux pour que je les ai vus. En résumé, si vous aimez les biographies, l’humour et la littérature (tendance surréaliste), vous pouvez y aller.