
Je savais l’importance de la tradition anarchiste suisse (Oui, ça peut sembler contre-intuitif, mais non, ce n’est pas une blague) et j’avais vaguement conscience qu’il y avait eu une école libertaire importante dans le coin. Ce petit livre, qui est un mémoire universitaire à l’origine, et raconte l’histoire, rapidement, et les intentions et questionnements, de manière plus détaillée. Cette école, baptisée Francesc Ferrer, en hommage au pédagogue catalan, fonctionne pendant des années, avec le soutien direct des réseaux syndicaux libertaires, et publie un journal en propre, tout en intervenant aussi dans les publications anarchistes généralistes. A partir de ce corpus de texte, l’auteur retrace les lignes de tension politiques et pédagogiques de manière très concrètes. Quand on s’intéresse aux pédagogies nouvelles, voire libertaires, c’est une très chouette source, bien exploitée. Et c’est d’autant plus agréable que le boulot est bien fait également pour remettre en contexte, et donner des grilles de lecture efficaces et compréhensibles des différents courants libertaires, de leurs priorités et dilemmes. C’est une lecture un peu pointue mais rédigée de manière accessible et efficace. Avec un seul bémol : c’est un mémoire donc il y a une partie dédiée à l’exposition critique de la méthodologie employée, ce qui ne passionnera pas tout le monde (alors que, franchement, la méthodo en sciences sociales, moi je trouve ça cool) mais c’est facile à zapper.