L’histoire de l’indépendance d’Haïti, et de la dette que la France lui a en conséquence imposé de rembourser était quelque chose dont j’avais conscience de manière très schématique. Ce petit ouvrage m’a permis de m’en faire une idée plus claire. Dans un premier temps, il retrace le contexte dans lequel Saint Domingue est devenu Haïti, la manière dont les esclaves ont conquis leur liberté et l’indépendance du pays. Et dans un second, il raconte comment la France de Charles X va, quarante ans après, reconnaître cette indépendance en imposant de manière ignoble le remboursement d’une dette disproportionnée (avec l’accord, voire la complicité, des classes dirigeantes haïtiennes). Et le livre ne s’arrête pas là puisqu’il dessine ensuite les conséquences sociales et politiques de cette histoire sur les siècles suivants. Avec la manière dont cette dette renégociée, et surtout ses intérêts contractés auprès de grandes banques françaises, va appauvrir le pays activement jusqu’au milieu du vingtième siècle. Et avec la manière dont cette bascule vers l’indépendance a construit des rapports de classe au sein de la population haïtienne qui sont toujours centraux et qui expliquent, voire construisent, les tensions et violences toujours d’actualité. Sans oublier un éclairage sur les interventions d’ONG dans une logique néocoloniale. Ce n’est pas réjouissant, mais c’est important quand on fait partie du pays le plus responsable de cet état de fait.