
J’avais beaucoup aimé le premier recueil de nouvelles de Navarre le Vampire, puis pris un plaisir évident à la trilogie dans laquelle il est un personnage semi-central : ce recueil de nouvelles vient conclure le cycle. Enfin… ce recueil de nouvelles… Oui, techniquement, c’est le cas, chaque nouvelle change de narrateurice, de lieu, d’époque… mais, malgré les apparences, toutes les nouvelles sont liées et sont en fait plutôt les chapitres d’un livre unique, à la narration très lâche. C’est une modalité tout à fait étonnante, mais vraiment réussie en ce qui me concerne, même si je n’en ai compris le principe qu’assez loin dans la lecture (ce qui fait que je spoile peut-être un peu). Chaque nouvelle a son ton, en fonction des personnages en particulier, et je les ai toutes appréciées. Certaines sont vraiment drôles, certaines très glauques, d’autres poétiques et émouvantes. On y retrouve l’univers fantastique des précédents, mais après, justement, la conclusion apocalyptique de la trilogie centrale, et ça change beaucoup de choses. Et ça fait une partie de l’intérêt : voir ce que devient le monde, au-delà des personnages eux-mêmes. Certaines questions sont traitées de manière indirecte, d’autres de front, et je considère que le job est bien fait pour ce qui est de conclure la série. Sur la forme, c’est sans doute le volume que j’ai préféré, pour cette maîtrise de la structure, pour les registres de langue et d’humour, et pour la construction du futur du monde en question. Pour le fond, c’est en cohérence avec la série et ça la conclut de manière très réussie.