
Parfois, je lis de la vraie littérature… mais le plus souvent, c’est parce qu’elle est politique. Là, par exemple, c’est carrément politique puisque l’autrice s’est lancée dans un défi : raconter la dette publique, et son instrumentalisation par les politiques libérales, sous forme de littérature. De vraie littérature, avec du style, des phrases, et tout. Et plus exactement de faux contes en vraie littérature. Aiors déjà, oui, c’est bien écrit. Et le format conte fonctionne plutôt bien de mon point de vue. Dans certains passages, j’ai trouvé ça vraiment magique comme forme, et dans d’autres juste agréable. Peut-être aussi que sur la longueur, le conte, ce n’est pas ce qui me tient le plus accroché. Mais ça fonctionne, et ça permet de raconter de manière sensible et incarnée la gestion technicienne de la dette, et la gestion technicienne des politiques publiques, et donc la destruction organisée des services publics, sous couvert de La Dette C’est Mal. Non seulement de la raconter mais de montrer sa part de malhonnêteté rhétorique, de jeux de pouvoir et de domination. Outre quelques passages brillants, et que je ré-utiliserais sans doute, je me demande pour qui ce texte fonctionne pleinement. J’ai bien aimé, mais j’étais déjà convaincu sur le fond. Est-ce que des personnes convaincues d’abord par la forme en retirerait une compréhension supplémentaire, voire une conviction ? Essayez si ça vous tente, c’est pas long, et vous me direz…