Nous sommes, je pense, nombreu-ses à trouver que Bourdieu c’est vraiment super, et que c’est vraiment douloureux à lire dans le texte, et donc impossible à conseiller quand on fait de la sensibilisation ou de la formation. Marion Montaigne et les Pinçon-Charlot avait déjà fait un travail très précieux et très drôle de mise en BD, en voici un autre. Le procédé narratif m’a semblé au départ un peu frontal et trop ouvertement pédagogique : un prof de SES veut expliquer la question des capitaux (culturel en particulier) à ses élèves, et il galère. Et, certes, le démarrage fait très pédagogique basique, et il a fallu que je me force un peu à rester dedans (parce que beaucoup m’avait dit que c’était bien), ce que je n’ai pas regretté. De fait, au fil des pages, les personnes, qui ressemblent au départ à des excuses, s’étoffent, s’humanisent et se complexifient. Et dévoilent aussi leurs liens. Ce qui d’une part m’a permis d’être touché, clairement, et d’autre part d’y trouver un intérêt narratif et même un certain suspense. Ce qui équilibre tout à fait l’affichage pédagogique au final, celui-ci permettant de garder une structure au propos d’ensemble. Donc, oui, je trouve que c’est un bon boulot, ça m’a plu et je vais le conseiller. D’autant que la forme est fluide à lire, malgré l’épaisseur du volume. Ma seule vraie limite, au final, c’est que le style de dessin ne me séduit pas particulièrement, mais c’est du registre des préférences esthétiques, pas de la clarté ou de l’efficacité.