La collection « Sur la table » continue de s’agrandir, et toujours dans la qualité et la nouveauté (j’espère que ce sera toujours le cas après le départ de Victoire Tuaillon). Gabrielle Richard part ici de la question des identités de genre et des orientations sexuelles pour défendre une position qui me fait plaisir : il faut protéger ces enfants en construction contre les réactionnaires et les tentatives de dramatisation et de retour de baton de l’extrême-droite en particulier, et des conservateurices en général. Elle retourne donc l’argument de la protection avec astuce et pertinence, et rien que ça, ça m’a fait plaisir. Il se trouve que ce n’est pas du tout. Partant de là, elle vient questionner la relation de domination portée sur les enfants, structurellement, dans notre société. Et c’est bien la première fois que je trouve un texte bien foutu, clair et politique sur la question de l’adultisme. Sur le fait donc de considérer qu’il s’agit d’un rapport de domination, construit culturellement, et critiquable comme les autres. Ce qui n’est pas un questionnement habituel, ni confortable. Mais j’ai trouvé ça vraiment très utile et très questionnant. On dépasse donc largement la question du genre et de la sexualité, et c’est très bien, pour aller du côté de la pédagogie de la norme et des privilèges. Cet élargissement du propos de départ m’a beaucoup plu, ça a été une très bonne surprise. Franchement, ça fait un point d’entrée salutaire et nécessaire pour venir questionner notre relation à l’enfance et à la jeunesse, pour tout le monde, mais tout particulièrement si vous travaillez avec.