De temps en temps, je me lance dans des projets irréfléchis. Dans le cas présent, lire un des ouvrages fondateurs de la pensée décoloniale, et globalement de la critique de l’hégémonie occidentale. Qui plus, sur une entrée sur la pensée orientaliste, sur laquelle je ne suis pas tellement documenté jusque là. Conclusion : il y a des livres qu’il ne fait pas aborder sans préparation 😀 Non, en vrai, j’ai trouvé le fond vraiment intéressant, mais la forme douloureuse. Edward Saïd fait l’histoire de la pensée orientaliste, c’est-à-dire d’un courant intellectuel et universitaire occidental qui a décrit et définit l’Orient. En se basant sur une opposition fantasmée avec l’Occident, une compréhension de l’Islam très aléatoire et surtout un mépris des réalités géographiques et culturelles total. Il est impressionnant de voir l’ampleur de cette construction, et de la manière dont elle est dissociée du réel. L’idée même de l’Orient est totu à fait incohérente et indéfendable. Non moins que les clichés essentialistes et profondément racistes qui vont en émerger. Saïd montre comment ce corpus s’est constitué, depuis plusieurs siècles, et comment il est encore le socle des politiques et de la pensée néocoloniale, notamment américaine. C’est vraiment éclairant et important politiquement de comprendre tout ça, d’autant que c’est encore très présent. Par contre, c’est un livre qui m’a demandé des efforts considérables. Parce que ce n’est pas de la vulgarisation, mais bien un travail de théorisation et d’argumentation. Donc déjà c’est détaillé et long. Et ensuite, ça se base sur de l’analyse lexicographique, et c’est quand même pas mes références. Alors, je m’en suis débrouillé, mais franchement c’était lent et laborieux. Comme je suis têtu, j’ai terminé, mais si ce n’est pas spécifiquement votre came, je vous conseille plutôt de lire des notes de lecture ou des gens qui le résument et racontent ce qu’il en est sorti ensuite.