
Djéli Clarke est un auteur dont j’avais vraiment aimé les nouvelles, il avait déjà une voix forte et pleine d’humour, et il renouvelait la littérature de l’imaginaire avec des références et thèmes issus de la culture noire américaine (ça fait du bien, un peu de variété). Voici donc son premier roman, que je guettais. Il s’agit d’une uchronie, une histoire alternative dans laquelle un sage mystérieux ré-ouvre les portes de la magie, dans une égypte alors occupée par les anglais. A l’aide de Djinns, l’Egypte se libère donc, et devient une puissance mondiale, modifiant l’équilibre géopolitique (les puissances européennes colonisatrices se retrouvent dans une position subalterne sans vouloir l’accepter). Bon, je pose ce contexte parce que je le trouve original et malin, mais c’est une toile de fond : le roman est d’abord une enquête policière, en Egypte. Avec une agente du ministère du surnaturel qui est une pionnière de la place des femmes dans le domaine, qui porte costume et chapeau melon, et qui a de l’humour, entre autres. L’enquête tourne autour d’histoires de djinns et de sociétés secrètes et c’est une vraie énigme policière élaborée, avec indices, retournements, révélations, tout ce qu’il faut pour que ça fonctionne à plein. Comme le monde est vraiment plein de surprises autour (et de clins d’oeil historiques), les personnages attachants, et l’humour fin et omniprésent, c’est vraiment un plaisir à lire. Avec bien sur une sensibilité anti-raciste, décoloniale et féministe qui ne gâche rien, loin de là. C’est vraiment une réussite, ambitieuse, et donc je suis ressorti avec le sourire : un plaisir.
(Et il existe en français chez l’Atalante 🙂