
Hollie McNish est écossaise, et féministe, et dr̂ole et courageuse. Elle écrit de la poésie, sans rimes et sans vers, mais avec beaucoup d’esprit et de sens. Ce recueil, au titre très différent en anglais (Slug, and other things I’ve been told to hate), a été traduit avec beaucoup d’attention et de justesse par le Castor Astral, et c’est une chance. C’est un gros morceau, donc c’est un livre à lire progressivement, par petits morceaux. Et sur plusieurs registres. On y trouve des poèmes, en général relativement courts, très rythmés, souvent drôles et toujours avec une réflexion de fond qui méritait qu’elle écrive. On y trouve également des textes qui ressemblent plus à des articles, voire du journal intime, sur des expériences vécues et des réflexions politiques et sociales. Sur des sujets et registres que j’ai aimés, souvent féministes mais aussi anti-racistes et plus largement politiques. Et également des nouvelles, courtes et réussies. Tout ceci est découpé en thèmes, dont, pour ne citer que ceux qui m’ont le plus marqué : parentalité (et, non, elle ne fait pas dans le sirupeux, elle fait dans le partage transparent et amusé de vécus réels et quotidiens), masturbation (avec des poèmes vraiment hilarants, notamment sur sa grand-mère, m̂eme si ça semble inattendu, et globalement un propos sur la sexualité et l’éducation à la sexualité que j’ai trouvé excellent) et sang (sur les règles, et leur place sociale, donc surtout sur leur invisibilisation). Il y a plein de bonnes choses dans ce gros livre, avec un côté boîte de bonbons dans laquelle piocher, même si certains bonbons piquent la bouche alors que d’autres sont très doux, et d’autres encore vraiment drôles. C’est plein de vie, en fait, et d’honnêteté. C’est un livre qui se déguste petit à petit et qui donne envie de connaître son autrice. Et de lui dire bravo.