
Je me souvenais d’avoir lu, voilà une paire d’années, un article proposant une idée étonnante : le sommeil, avant l’ère industrielle, aurait été systématiquement divisé en deux périodes avec une coupure en milieu de nuit, au moins en Europe. Il se trouve que cet article était celui d’origine, de Roger Ekirch et que cette proposition a ouvert un champ de recherche en Histoire, sur le sommeil. Qui a confirmé cette idée d’un premier puis d’un second sommeil, avec une heure en milieu de nuit traditionnellement consacrée aux discussions, aux visites de voisins, au sexe ou à la méditation et à l’interprétation des r̂eves (voire à faire fuir le démon à coup de pets comme le raconte Martin Luther lui-m̂eme). Et qui a permis aussi d’aller voir dans d’autres cultures, ainsi que de se demander quand et comment cette modalité de sommeil a disparu. La réponse étant : le capitalisme. Ce livre reprend les deux articles principaux de Ekirch sur le sujet, ainsi qu’un troisième ouvrant d’autres questionnements, le tout encadré de deux textes remettant en contexte, pour une fois de manière vraiment utile. C’est un sujet vraiment étonnant, et donc une lecture tout à fait éclairante et intrigante, même si les deux articles/chapitres principaux se recoupent en partie. Et si c’est évidemment frappant sur ce que ça questionne de notre sommeil, c’est aussi pour moi passionnant de voir à quel point des éléments culturels peuvent être pensés comme naturels et universels uniquement parce qu’ils ne sont pas pensés historiquement. C’est donc un sujet sur lequel je vous invite à lancer votre curiosité, et ce petit livre peut être un point d’entrée pas trop long et efficace (mais on trouve certainement encore plus court et abordable en ligne).
J’avais aussi déjà vu quelque chose en ligne à ce sujet (une vidéo YouTube si je me souviens bien) et j’avais aussi trouvé cela extrêmement instructif, avec une vraie question – pour le coup – de comment faire autrement, en étant pris dans le rythme de tout le collectif autour de nous…