La grève des ovalistes, c’est un moment important de l’histoire des mouvements sociaux, une des premières grèves ouvrières, de femmes qui plus est. Et c’est lyonnais. Bon, du coup, ça a été passablement oublié et effacé. J’ai d’autant plus plaisir, du coup, à lire une version romancée et dans une collection qui ne soit pas confidentielle. C’est un roman très court et très dynamique, dans lequel l’autrice fait le choix anachronique, comme artifice littéraire, de la métaphore de la course de relais. Et, franchement, j’ai trouvé que ça marchait bien. Symboliquement, ça fonctionne parfaitement, sans surprise. Et d’un point de vue littéraire, après m’avoir un peu déstabilisé, j’ai trouvé ça malin aussi. En fait, c’est un vrai texte littéraire, pas juste un récit. Il y a un travail de forme, en assumant des raccourcis et des impasses sur le fond, pour faire ressortir un ressenti, des vécus, plus que relater un enchaînement factuel et chronologique. J’ai bien aimé. Mais il ne fait pas y venir pour trouver dans ce livre là pour se faire relater la grève des ovalistes ou en suivre le déroulement. Il faut y venir pour un roman tonique et bien tourné, et pour une rencontre avec des ovalistes, en personnes, en émotions. Et là ça fonctionne très bien.