
J’étais depuis longtemps curieux du parcours de Germaine Tillion, mais j’en avais une idée très très parcellaire et en partie fausse, ce qui fait que j’ai carrément bien fait de lire cette biographie. Germaine Tillion a un parcours remarquable, à plusieurs points de vue. Ayant grandi dans une famille intellectuelle, et catholique, elle fait partie des premières à prendre la voie de l’ethnologie, avec Marcel Mauss comme professeur, rien que ça. Et son intelligence en fait rapidement une élève remarquée et encouragée à se lancer dans la recherche. Jeune femme, elle part en mission seule, dans les années 30, dans les montagnes de l’Aurès, là-bas au fond de l’Algérie, où on n’accède que par des petits chemins à dos d’âne. Elle en revient avec une documentation remarquable et louée par ses professeurs. Mais c’est la guerre. Alors, elle s’engage dans la résistance, très tôt, à la tête de ce qu’on connaîtra ensuite comme le réseau du Musée de l’Homme. Elle sera arrêtée, puis déportée et elle survivra à un long séjour à Auschwitz (où elle perdra sa mère). Elle écrira sur Auschwitz, à plusieurs reprises, avec l’acuité de l’ethnologue. Elle ne se contentera pas ensuite de profiter de son statut, elle en usera avec une éthique admirable pour dénoncer les tortures pendant la guerre d’Algérie, et œuvrer à la paix et à la défense des indépendantistes. Ce n’est qu’ensuite qu’elle pourra se consacrer pleinement à l’ethnologie, et avec brio et engagement. Donc, oui, il y a bien de quoi remplir une biographie. Celle-ci est documentée et bien construite. Je n’ai pas trouvé l’écriture particulièrement palpitante ou séduisante, mais elle est tout à fait fluide et bien construite. Ce qui fait de cette biographie un livre tout à fait adapté aux personnes vraiment intéressées par Germaine Tillion, mais pas une recommandation pour un lecture de détente ou de simple curiosité.