J’aime énormément Clara Ysé comme chanteuse et parolière. Je l’apprécie aussi comme romancière, y retrouvant le même grain et le même décalage, même si la forme m’est moins exceptionnelle. Et étrangement, c’est dans sa poésie que je me retrouve le moins. Ce que je trouve assez décevant, mais je dois reconnaître que je suis de manière générale assez difficile en poésie. Alors, entendons-nous bien, ce n’est absolument pas mauvais, très loin de là. On retrouve des images qui lui ressemblent, qui font des passerelles avec ses paroles, voire son roman, et parfois des tournures qui elles aussi font mouche. Mais je n’y ai pas retrouvé les cassures et les ruptures de rythme de son chant, ce déséquilibre si maîtrisé et émouvant. La forme ici est un peu trop sage, un peu trop normale pour moi, je crois. Peut-être est-ce moi qui ne sait pas la lire au bon rythme, avec les bonnes dictions ? Toujours est-il que je trouve ça joli, et bien écrit, mais pas vraiment troublant. Sans ces impacts qu’ont ses formules chantées. Et sans, non plus, ces images si inattendues et frappantes. Enfin, si, il y en a, mais au final pas tant que ça. Tout au moins pas tant que ça qui m’aient moi touché, ce qui est bien évidemment très subjectif. C’est un beau recueil, donc, de poèmes réussis et bien écrits, mais comme je le compare à la flamme vibrante de ses textes chantés, j’en ressors, peut-être injustement, avec une appréciation mesurée.