Si le titre n’est pas assez explicite, je vous ajoute le sous-titre : Enquête au cœur de la jeunesse identitaire ; et la citation du quatrième de couverture : « Nous sommes aux portes du pouvoir ». Non, ce n’est pas un livre pour se rassurer, du tout. Par contre, c’est un livre pour comprendre à quoi on fait face et comment l’extrême-droite en est arrivée là. Comment elle s’est construite puis recomposée de manière efficace. Et ça fait bien le job (et donc c’est flippant). Ce n’est pas un livre gratuitement alarmiste : c’est un boulot sérieux et sur la longueur effectué par des journalistes de la même génération que celle de Bardella et de Marion Maréchal. En fréquentant leurs réseaux, en prenant le temps. C’est une plongée autant qu’un décryptage. De cette plongée à travers les temps forts des dix dernières années, j’ai appris beaucoup. D’abord, des lieux, des noms, un peu trop nombreux pour les retenir d’un premier passage, mais ça permet de situer, de placer des personnes qui ont de l’influence, qui composent ce milieu. Ensuite, de manière plus inquiétante, mais aussi très éclairante : la démonstration de la manière donc l’union des droites et extrême-droites est déjà faite, de manière volontaire, calculée, au sein de la génération des trentenaires et quarantenaire de ces réseaux. Parce qu’ielles font la fête ensemble et fréquentent les mêmes lieux et les mêmes réseaux, même si ielles continuent encore un peu à mettre en scène une distance et un cordon sanitaire. Et enfin, j’ai pu comprendre par le récit la manière dont les tendances de l’extrême-droite actuelle se sont construites et ses sont définies, en particulier entre les souverainistes, les identitaires et les nationalistes révolutionnaires. Ce qui, outre de connaître ses ennemis, permet de comprendre bien mieux les évolutions récentes et les positionnements contemporains (et le glissement identitaire est franchement inquiétant). Comme tout ça est écrit dans un style journalistique, bien découpé et narré à partir de moments et d’évènements, c’est très lisible et fluide, même si on se perd parfois dans les noms des personnages et réseaux les moins connus. Par les temps qui courent, ça m’a été très utile de lire ça, et c’est accessible, donc si ça ne vous fait pas trop peur et que vous voulez vous armer un peu mieux sans vous taper des ouvrages trop ardus, je pense que c’est un bon choix.