
C’est un beau titre, non ? C’est ce qui m’a attiré, clairement, surtout en ces périodes électorales de discours creux et de banalisation de phrases dégueulasses. Comment formuler et comment utiliser le langage comme une arme dans le champ idéologique et dans la bataille culturelle, oui, c’est un sujet qui m’intéresse profondément, au-delà du beau titre. Ai-je trouvé dans ce livre de quoi me nourrir à cette fin ? Oui, pour un tiers du livre, en gros. Sur cette question de quoi et comment agir avec le langage, il y a de vraies idées intéressantes et des grilles de lecture importantes. Je ne regrette donc pas du tout cette lecture, qui m’a apporté, mais je me dois de pointer que ce n’est qu’une partie de ce que j’y ai trouvé. Il y a deux autres fils principaux. Le premier, c’est Lénine, et une analyse de sa pratique du langage, dans le contexte historique et en lien avec les questions de politique interne des bolcheviques et de luttes doctrinaires. Et ça, ça m’a intéressé aussi, même si j’en ai moins l’usage direct. Enfin, en termes de culture politique, si, c’est jamais perdu, et c’est franchement pas des contenus que j’avais donc j’ai découvert avec plaisir. Le second fil important, qui est en fait l’assise scientifique, le corpus théorique de l’auteur, c’est une analyse et une théorisation de tout ça en termes de philosophie du langage. Et là, je dois bien dire que j’ai pas mal nagé. Parce qu’en philosophie du langage, je n’y connais rien, et que ce n’est pas de la vulgarisation accessible. En m’accrochant, j’ai compris les grandes lignes, mais de loin, et c’était parfois franchement laborieux. Alors comme je suis un lecteur de bonne volonté (et que je lis beaucoup et vite), ça passe, j’ai traversé ça sans trop de douleur et je me suis concentré sur le reste des propos, mais franchement, ce n’est, malheureusement, pas une lecture très accessible.