
Il y a des livres, comme celui-ci, que je finis par lire à force de les voir citer par la bande dans d’autres ouvrages ou articles. Et je comprends que ce petit livre soit cité : il est court mais très dense en idées. C’est une compilation d’articles de réflexion de fond sur le capitalisme et l’état actuel du monde par un journaliste qui prenait le temps de penser et qui réussissait à sortir des grilles de lectures les plus habituelles. Et il réussit à le faire sans sombrer dans des océans de références universitaires. D’abord parce qu’il explique ses concepts, et ensuite parce qu’il fait beaucoup référence à la culture populaire, en littérature et en cinéma. Ce qui est tout à fait adapté au travail d’analyse de la dimension culturelle du néolibéralisme et à son positionnement actuel. C’est un petit format qui continue d’une manière très riche (et assez différente dans la forme comme dans la direction esquissée) des réflexions et analyses comme celle de Boltanski et Chiapello dans Le Nouvel Esprit du Capitalisme. Ici, il y a une volonté d’esquisser des voies de résistance, notamment en venant pointer la manière dont nous avons (individuellement mais surtout culturellement) intégré le fait qu’il est réaliste de penser de manière capitaliste, et que ça se niche dans notre imaginaire et nos manières de faire au quotidien. C’est donc emmerdant parfois, et de manière tout à fait bienvenue en ce qui me concerne. C’est court, mais c’est extrêmement riche. Donc : c’est dense. Il faut un minimum de pensée critique et politique pour l’aborder, je pense, mais pas nécessairement de références théoriques ou de bagage universitaire. Et de l’envie de mâchouiller à petits pas une série d’idées fortes et utiles, en prenant le temps d’assimiler.