Nadejda Krupskaia était une pédagogue et une femme politique, puisqu’elle a fait partie des personnes qui ont mis en place l’ensemble des réseaux éducatifs (scolaires, mais aussi bibliothèques et éducation populaire) au moment de la révolution russe de 1917. L’ampleur du travail réalisé est assez difficile à concevoir depuis aujourd’hui, mais il s’agissait d’alphabétiser des dizaines de millions de personnes, de donner accès à l’éducation pour la première fois aux classes populaires, et en particulier aux filles, et de faire tout ça en portant des idéaux socialistes et collectivistes. Dans un pays immense et très pauvre, donc. Ce n’est ceci dit pas le récit de cette œuvre immense que propose cet ouvrage, c’est une sélection de textes de Nadejda Krupskaïa, pour donner un aperçu des questions auxquelles ce projet est confronté, des théories pédagogiques élaborées et des finalités politiques. Les textes sont courts et regroupés en chapitres raisonnablement thématiques. Le fait qu’ils soient courts et agréables à lire et donne une idée, sous forme de mosaïque, du contexte et des idées, de ce qui est agité et de ce qu’elle tente de défendre. C’est tout à fait dépaysant et éclairant, mais c’est aussi parfois frustrant parce que trop superficiel. On comprend ceci étant bien, dans la première moitié, les enjeux pédagogiques et notamment autour d’une école polytechnique permettant l’émancipation autant que l’adéquation à une économie planifiée, en restant donc assez général-es. Dans la seconde partie, beaucoup moins de frustration en ce qui me concerne : c’est d’élan qu’on parle, de la direction à dessiner pour la jeunesse et de la capacité des enfants et des jeunes adultes à se politiser, et à faire leur choix professionnels dans une société future dans laquelle ielles réaliseront pleinement le communisme. C’est non seulement réjouissant d’optimisme, c’est aussi inspirant en termes de directions et de stratégies. Au total, dans un format réduit, ça permet de brosser un tableau mosaïque mais agréable d’une grande figure rarement mise en avant, avec une efficace et agréable introduction de Laurence de Cock. (Et pour information, parce que ça a aussi une place dans ce récueil : Nadejda Krupskaia était la femme de Lénine, mais il est bien dommage qu’elle soit plus souvent citée pour ça que pour son oeuvre, qui le mérite pourtant).