En anglais, cette série s’intitule Murderbot Diaries et a remporté deux Hugo, deux Locus et un Nebula pour ses trois premiers tomes (ouais, rien que ça). Dans la catégorie Novella puisqu’il s’agit de romans courts, dans ce format spécifique à la frontière de la nouvelle (en gros, autour de 150 pages pas tassées). Bon, sans surprise vu le palmarès : c’est bien. C’est de la Science-Fiction, loin dans beaucoup de temps. Le monde n’est pas très détaillé, et il se trouve que ça ne manque pas tellement. C’est même cohérent, pas tellement pour une question de format ou de rythme, mais parce que le personnage/narrateur est un androïde qui n’a pas de connaissances sur le monde (humain) et n’a pas envie de s’y plonger. C’est un androïde de sécurité, envoyé et piloté pour faire des jobs souvent moches par une corporation dont la morale semble assez sommaire. Mais : il a piraté son module de supervision et il est donc autonome et pleinement conscient de ce libre-arbitre (et du fait qu’il a drôlement intérêt à le cacher). Un personnage qui va donc découvrir le monde, mais aussi se découvrir, en termes d’émotions, de ce qu’il veut dans la vie et comment il peut interagir avec les autres. Une machine à tuer qui n’a aucune intention de l’être et qui a la maturité d’un enfant associée au cynisme d’un criminel de guerre. Ce qui fonctionne vraiment bien, avec plus de profondeur que je n’aurais cru, et d’autant mieux que ce sont des formats courts (ça évite que ça devienne relou) avec des intrigues construites. Au fil des trois premiers tomes, on plonge par morceaux dans des enjeux de malversations entre corporations intergalactiques qui démontrent que le capitalisme dérégulé, c’est pas mieux dans l’espace. Au total, c’est malin, c’est tonique, et sur des formats qui permettent que ça se renouvelle bien (tout en gardant un arc narratif important pour connecter l’ensemble).