Encore un essai féministe, ben oui. D’une part, il n’y en a jamais trop. D’autre part, celui-ci, c’est vraiment une voix et une écriture particulières et fortes (Virginie Despentes est fan, c’est un indicateur fort). C’est un essai autant que c’est un recueil de petits textes compilés. Avec une forte cohérence, mais ce n’est pas une démonstration suivie (quoique…). Et ça tape fort. Parce que l’écriture est puissante et qu’elle n’y va pas avec des pincettes. Elle parle de corps, et de sexe, d’émotions, de vécu. Avec des mots directs et beaucoup de poésie. Pas de la poésie avec des petites fleurs, entendons-nous, de la poésie pour aller chercher du vrai, du douloureux et du puissant. Ce qui fait que c’est difficile à résumer. Je dirais que d’une part il y a des choses simplement puissantes sur le vécu de domination, et notamment sur les violences sexuelles au sein des familles, et d’autre part il y a vraiment une manière de questionner le corps et sa construction qui est en elle-même un pas de côté, un décalage. Un décalage sans doute un peu moins punk et brutal que Despentes mais je trouve quand même qu’on en est assez proches sur l’intention et l’intensité, en moins inquiétant sans doute. Je vous conseille d’y jeter un oeil, je pense que le style est assez fort pour que vous vous fassiez tout de suite une impression et que vous sentiez si ça va vous plaire ou pas. Mais ça m’a plus, aussi bien sur le contenu, qui n’est pas une énième redite de revendications féministes, que sur la forme.