Mathieu Palain est journaliste et il se retrouve à traiter de la questions des violences conjugales plus ou moins par hasard, ou en tout cas sans conviction ou intérêt très marqué. Et il va plonger dans le sujet, prendre la mesure des violences faites aux femmes et se questionner très directement sur le profil et le fonctionnement des hommes violents. Il va enquêter. C’est donc un récit journalistique, et pas un travail scientifique, la différence est importante même s’il rencontre et interroge des spécialistes. J’ai vraiment eu l’impression d’un format documentaire télé mais en livre. Ce qui n’est en rien une critique, parce que j’ai trouvé ce livre tout à fait marquant et très prenant. L’auteur essaie sincèrement de comprendre pourquoi les hommes sont si souvent violents, et d’aller au-delà des constats structurels et statistiques (qu’il expose et identifie clairement) pour tenter de plonger dans la manière de penser des hommes violents. Qui sont potentiellement tout le monde, d’où le sous-titre : nos frères, nos pères, nos amis. Sans surprise, c’est assez glaçant. Les récits et témoignages le sont, en particulier ceux qui mettent en miroir le récit des victimes et celui des coupables, dans ce qu’ils montrent de déni et d’occultation. Dans ce qu’ils montrent aussi de fonctionnements psychologiques abîmés et parfois rudimentaires. L’auteur fait d’ailleurs un lien fort (avec l’appui de professionnel-les) entre maltraitance dans l’enfance (et/ou milieu familial violent en général) et violence à l’âge adulte, avec une lecture de lien assez intelligente (avec une limite : je n’ai pas l’assise scientifique pour en juger vraiment, et il ne la donne pas non plus). J’ai trouvé dans ce livre quelque chose d’incarné pour prendre la mesure de phénomènes que je n’avais abordé que sur un mode sociologique : c’est frappant et ça remue, et ça a aussi, il faut l’avouer, un côté voyeur pas très sain. Je pense qu’au total, c’est un livre qui peut aider à la prise de conscience (à différents niveaux) et qui donne des clés de compréhension utiles.