
La mode est, dans certains milieux, et du coup chez certains éditeurs, aux ouvrages qui expliquent comment et pourquoi tout plaquer. Ici, non, c’est le contre-pied. Le sous-titre est clair : La désertion ne fait pas partie de la solution mais du problème. Anne Humbert est ingénieure, et elle a été tentée de tout plaquer, au vu de la satisfaction très limitée d’une bonne partie des emplois et contextes professionnels qui lui ont été proposés. Et elle a vu un certain nombre de collègues et camarades faire ce choix. Qu’elle trouve donc non seulement inutile mais globalement nocif, en termes sociaux et politiques. Dans cet ouvrage très court, elle déroule un argumentaire efficace. Sur le fait que c’est une démarche réservée à des privilégié-es, parce que ce n’est pas n’importe qui qui peut se permettre d’acheter une maison à la campagne et de s’installer comme paysan-boulanger, ou artisan-e de luxe. Sur le fait aussi que l’impact sur les territoires d’arrivée et les professionnel-les locaux, mis en concurrence, n’est carrément pas positif. Et sur le fait aussi que ça sert avant tout de soupape au système capitaliste et que ce genre de trajectoires individuelles et méritocratiques ne font en fait que le renforcer. Le format est très court, comme toujours dans cette collection, avec une écriture vive et efficace. Franchement, si le sujet vous interroge et que vous voulez du politique et efficace, ben c’est bien.
Hmm, c’est intéressant. Je n’y avais jamais pensé, mais c’est vrai que c’est une démarche de privilégié. En même temps, je me dis que si suffisamment de gens plaquent tout, même parmi les privilégiés, ça devrait quand même affaiblir le système. Peut-être suis-je un peu naïf. C’est sûr que si le privilégié plaque tout, mais part à la campagne avec son wifi, sa Tesla et tout le bastringue, il n’est pas vraiment sorti du système. Il s’est juste mis au vert.
Ben, peut-être si c’est vraiment massif… mais je n’ai pas l’impression qu’on en soit là, ni forcément qu’on puisse y arriver…