De manière amusante, je n’ai pas encore lu le premier livre de Corinne Morel Darleux, alors qu’il a eu un écho très important (Plutôt couler en beauté que flotter sans gloire).. J’ai commencé par celui-ci (merci Mélanie !) et non seulement je ne le regrette pas, mais je vais certainement lire le précédent tant celui-ci m’a plu. Il y a en effet un équilibre que j’ai beaucoup apprécié entre propos de fond politique et forme littéraire et poétique très délicate et esthétique. L’autrice a en effet un long parcours militant, qui lui sert parfois d’assise ou d’illustration pour une analyse politique profonde et fine d’un certain nombre d’enjeux contemporains. Avec un registre central, en forme de fil rouge, sur les confins, qui donne une finesse et un décalage bienvenu : elle prend le temps de la pensée longue et du décalage, ce qui paie largement. SI il n’y avait que du fond, j’aurais déjà l’impression de ne pas perdre mon temps. Mais il y a aussi une forme. C’est-à-dire une écriture, un style, qui sont remarquables. Des évocations très vivantes et touchantes, de voyages en particulier mais pas seulement. Des formules touchantes et inattendues, le plus souvent très belles. Et un rythme qui ne donne pas l’impression de lire un essai aride mais de suivre un chemin littéraire, intellectuel et personnel. C’est un petit livre aussi beau que profond et engagé, qui donne de l’air à tous points de vue.