Lauren Bastide est la créatrice du podcast La poudre, à la réputation méritée, et elle écrit des essais. Mais pas que : ici il s’agit d’un court roman. Il n’est pas, du tout, dissocié, du reste de son travail, puisqu’il navigue entre féminisme, lutte anti-fasciste et fin du monde. Ok, présenté comme ça, vous vous dites peut-être que ça ne peut être que terriblement déprimant et glauque… et il se trouve que non. Enfin, je ne vais pas vous dire que c’est un roman rigolo qui vous sortira la tête des enjeux contemporains, faut pas pousser. Mais c’est un roman qui réussit à tisser une ambiance nostalgique et poétique, à nous plonger dans une beauté évanescente et pleine de délicatesse, et donc à nous faire vivre, de manière très sensible, des moments précieux et très personnels. C’est d’une finesse qui m’a surpris et que j’ai vraiment apprécié. La dimension sensorielle est très puissante et très réussie, et je l’ai trouvée particulièrement bienvenue et efficace parce qu’elle s’ancre dans un personnage de femme agée dans une relation au quotidien, à la matérialité concrète et à la nature. Ce qui en fait d’un point de vue émotionnel et littéraire un texte que je trouve très réussi et très plaisant à lire. Et le fait qu’il touche aussi à des enjeux politiques, de différentes manières, ne gâche rien, bien au contraire. C’est un texte que je devrais trouver objectivement déprimant et triste, étant donné ses thèmes (et pas que, mais je vais éviter de spoiler), mais il se trouve que non, ce qui m’étonne mais qui me semble une très bonne raison de vous recommander d’essayer ce (très court) roman. (Décidément, le Diable Vauvert, c’est une maison d’édition qui fait le boulot !)